Né en 1934 à Cordoba en Argentine, Antonio Segui fait des études de peinture à Buenos-Aires, puis à Madrid et à Paris. Il voyage pendant près de trois ans en Amérique Latine, séjourne au Mexique, où il se passionne pour les cultures indiennes encore peu connues.

Au début de sa carrière, influencé par des artistes comme George Grosz ou Otto Dix, Antonio Seguí pratique une figuration expressionniste d’où se dégage de l’ironie.

C’est en 1962, un peu par hasard, qu’il s’installe à Paris où il vit toujours, tout en retournant régulièrement en Argentine, à l’exception des années de dictature. Il se fait rapidement connaître en participant, l’année suivante à la Biennale de Paris avec une suite de collages faits de vieilles photographies et de peinture – l’exposition en présente un exemple Le promeneur, 1963 – inspirée des images stéréotypées de son pays natal : mélange de nostalgie distante et de satire.

En 1964, la Galerie Jeanne-Bucher et la Galerie Claude Bernard (où il continue à exposer) présentent des oeuvres d’un expressionnisme féroce, dont on peut voir de nombreux exemples dans l’exposition, avec notamment ces dessins à la plume mettant en scène, le plus souvent, des images de militaires féroces et ridicules et des dandys moustachus.

Peu à peu, sa figuration évolue vers l’absurde, construisant une sorte de théâtre sur la scène duquel s’ébat un homme en mouvement recherchant sa place dans le monde. La facétie et l’humour supplantant l’angoisse existentielle, il tente d’orchestrer à sa façon les espoirs et les folies d’une comédie humaine, ironique, faussement naïve et inquiétante

Le Centre Pompidou lui avait consacré, en 2005, la première rétrospective, en France, de ses œuvres sur papier, mettant « en lumière une œuvre où humour et poésie défient tous les styles préétablis »« Je ne vois pas quoi faire d’autre que travailler », avait confié Antonio Segui à l’Agence France-Presse dans une interview à Paris alors qu’il présentait en 2019, à l’âge de 85 ans, une exposition d’une cinquantaine de ses œuvres à la Bibliothèque nationale de France, à laquelle il venait de faire don d’un demi-millier d’entre elles, dont des estampes, des portfolios et des livres illustrés.

Bien que vivant en France, il n’a jamais cessé de retourner en Argentine, sauf pendant les années de la dictature (1976-1983), où les militaires ont même refusé de renouveler son passeport. Son atelier parisien a servi de refuge à de nombreux intellectuels, artistes et musiciens du XXe siècle pendant les années de dictatures latino-américaines. « Avec l’art, on peut facilement dire les choses, c’est le seul moyen de se battre sérieusement », avait-il dit à l’AFP.

En février 2022, le peintre et créateur prolifique s’éteint à 88 ans à Buenos Aires.

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    • Huile sur toile grand format d'Antonio Seguì. Le peintre raconte un homme en quête de sa place dans ce monde, monsieur Gustave, que l’on retrouve dans plusieurs de ses tableaux. Ce personnage parcourt le monde et les rues  et questionne sur son existence, en humour ou avec ironie. Reconnaissable par son costume et son chapeau, Señor Gustavo serait-il une autobiographie…
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