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Figuration Narrative : le récit en image

Naissance

L’expression “Figuration Narrative” naît à l’occasion de deux expositions à la galerie Mathias Fels, à Paris, en 1961 et en 1962. Elle est usuellement rattachée à la Nouvelle Figuration et plus généralement au Pop Art.

Plus une tendance qu’un mouvement organisé, la Figuration Narrative s’articule autour d’un groupe d’artistes revendiquant une opposition ferme à l’abstraction et au nouveau réalisme, jugés trop bourgeois pour les uns, et staliniens pour d’autres.

Cette génération de peintres, nés avant la seconde guerre mondiale, a puisé les outils et les sujets de sa peinture dans les mythologies de son époque : photographie, roman photo, cinéma, polar, bande dessinée. Les artistes de la figuration narrative ont compris que le potentiel subversif de leurs œuvres devait tenir dans leur dimension esthétique bien davantage que dans un discours plus ou moins explicite.

Démarche et esthétique

La Figuration narrative interroge l’actualité, se voulant une chronique en temps réel de leur époque. Cependant, les artistes font face à l’épineux problème de la représentation du temps en image : la peinture étant un médium fixe, muet et bidimensionnel, il faut revoir la façon dont s’instaurent les rapports entre l’image et le récit.

Ces contraintes amènent les artistes à puiser des solutions dans les apports du cinéma et de la bande dessinée (découpage des tableaux façon bande dessinée, superposition des différents sujets et actions dans le tableau, etc) qui aboutissent à une dimension poétique absente du pop-art.

Certains artistes se sont attachés davantage à une réflexion et une analyse de l’image alors que d’autres ont cherché à impliquer davantage leur pratique artistique dans un regard critique sur la société de leur temps ( Cueco, Fromanger, Rancillac notamment). 

Passionnés par la politique, les artistes de la Figuration narrative sont les contemporains de penseurs comme Michel Foucault, Pierre Bourdieu ou Gilles Deleuze. Ils fréquentent les intellectuels et nouent une certaine complicité avec eux, au point que leurs travaux se nourrissent mutuellement.

Les artistes prêtent leur attention aux scènes de la vie quotidienne et aux mythologies politiques, sociales, morales qui en découlent. Leurs sources sont la bande dessinée, le cinéma, la photographie, les images de tous les jours.  Ils réalisent des peintures figuratives, volontairement froides et distantes, qui cherchent à maintenir continuellement en éveil notre rapport critique aux images de la réalité

Si leur mouvement était déjà connu, il obtient sa notoriété à travers l’exposition Mythologies quotidiennes de 1964, au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.

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Affiche de l'exposition "Mythologies Quotidiennes"

Artistes phares

ADAMI Valerio : “Le plus français des peintres italiens » s’affirme comme un des représentants notables de la Nouvelle figuration. Il développe un style caractérisé par des aplats aux couleurs acidulées et des formes cernées par un contour noir qui font penser aux lignes de la bande dessinée mais aussi aux vitraux des églises. Il réalise des compositions complexes que la couleur a pour fonction de détourner, modifier ou amplifier. Ses œuvres se singularisent par la saturation des surfaces coloriées où ne subsiste aucun blanc. Les principaux thèmes de ses peintures sont la littérature, les voyages, ainsi que les relations entre poésie, musique et peinture. Il a aussi entretenu dès ses débuts des rapports étroits avec les écrivains et les artistes de l’avant-garde internationale parisienne.

ERRÒ :Guðmundur Guðmundsson, dit Errò, est le cofondateur et chef de fil de la Figuration Narrative en France. L’artiste crée des chocs visuels, nés de son goût pour le collage et les images découpés ainsi que sa bref appartenance au mouvement Surréaliste. Il fait cohabiter personnages de cartoons ou de bandes dessinées avec des figures politiques et religieuses, dénonçant les événements politiques auxquels il assiste en allant sur le terrain de l’humour et de l’impertinence.

KLASEN Peter : Né à Lübeck en 1935 mais travaillant et vivant à Paris, le peintre allemand Peter Klasen interroge et subvertit notre rapport aux machines et à la technologie.
“Klasen inquiète la perception du quotidien, identifie les contraires, rend manifeste les paradoxes de l’environnement technologique. Peut-être sommes-nous déjà passés sans nous en rendre compte, dans un univers-fiction où camions et wagons ne sont plus d’inoffensifs moyens de transport mais des lieux d’incarcération.”
Gilles Lipovetsy (extrait de « Sans issue », 1978)

SEGUÌ Antonio: Le peintre argentin, toujours entre Paris et l’Argentine, se fait connaître en 1963 lorsqu’il expose à la Biennale de Paris, avec une série de collages et de peintures. Son iconographie est à la fois féroce et absurde : mêlant militaires agressifs et dandys moustachus dans des décors de villes aux traits naïfs. Il construit un théâtre sur la scène duquel s’ébat un homme en mouvement cherchant sa place dans le monde. La facétie et l’humour supplantant l’angoisse existentielle, il tente d’orchestrer à sa façon les espoirs et les folies d’une comédie humaine, ironique, faussement naïve et inquiétante.

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