Toujours sur le fil de l’illégalité, Shepard Fairey est un artiste américain « borderline ». Son œuvre est mondialement connue grâce à l’affiche de soutien à la campagne présidentielle de Barack Obama qu’il crée en 2008. « Hope » a été depuis déclinée de mille façons et reprise sur bon nombre de tabloïds. Une nouvelle version très controversée, intitulée « Yes we scan », reprise à l’été 2013, affuble Barack Obama d’un casque audio. Et pointe du doigt la stratégie de surveillance électronique des Etats-Unis. Shepard Fairey a tout de suite approuvé cette façon de remixer son œuvre.

Né en 1970 à Charleston en Caroline du Sud, Franck Shepard Fairey, de son vrai nom, vit aujourd’hui à Los Angeles. Il plonge dans l’univers du graphisme dès l’âge de 14 ans en dessinant des images qui seront floquées sur des t-shirt et des skateboards. Influencé par l’œuvre de Andy Warhol ou encore l’artiste russe Alexandre Rodtchenko, Shepard Fairey rentre à 18 ans à l’école de design Rhode Island School of Design et crée avec des copains la campagne de stickers André the Giant Has a Posse, littéralement « André le Géant a une bande de potes ». Des stickers à l’effigie du catcheur français André Roussimoff. Ces affiches en papier, vinyles, sérigraphies ou photocopies sont placardés sur les murs de leur ville, Providence, avant de s’étendre à tout les Etats-Unis et à des dizaines de milliers d’endroits dans le monde. Pied-de-nez à la culture hip-hop, cette campagne de street art se transforme en OBEY, « obéis » et cherche à parodier la propagande américaniste. Résolument anti-Bush, Shepard Fairey se fait reconnaître avec une nouvelle campagne de street art nommée « Be the Revolution » en 2004. Pourtant, 20 ans après son André the Giant/Obey, il devient lui-même propagandiste, mais cette fois en faveur de Barack Obama. Il réalise l’affiche de campagne de futur président des Etats-Unis, nommée « Hope », puis déclinée en « Vote » ou « Change ».

Shepard Fairey vit sans cesse aux limites de la légalité. Plusieurs fois rattrapé par la loi, il doit se justifier devant les tribunaux plus d’une dizaine de fois. Tantôt en raison de graffitis sur les murs tantôt pour l’utilisation d’une image sans droits… Comme celle justement de Barack Obama, dont le photographe n’a pas été crédité. Ses arrestations n’empêchent pas Shepard Fairey de rester populaire aux Etats-Unis. Lors de certains de ses déboires avec la justice, ses expositions dans différents musées doublent leur fréquentation.