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L’art, ce truc de riches.

L'art contemporain est-il un enjeu financier ?

Oui.
Il est inutile de nier que la création artistique, contemporaine ou antérieure, nécessite et génère de l’argent, au même titre que toute activité intégrée dans une économie de marché, et prête le flanc à la spéculation. Il convient cependant de nous interroger sur le pourquoi ce fait indigne ou choque de façon unanime pour l’art contemporain et pas pour d’autres domaines ?

Le mythe de l'artiste bohème

Si la fortune d’artistes comme Jeff Koons est estimée à environs 400 millions de $, il ne faut pas oublier que plus de 90% des artistes ne vivent pas de leur art. Ainsi seulement une infime partie d’entre eux (5 à 6%) vivent de leur passion tout au long de leur vie, sans interruption.
Cependant, l’image d’Epinal de l’artiste solitaire et chétif, seul face à une toile blanche dans une chambre de bonne mansardée est très loin de toute réalité. Cette conception romantique instillée par Rembrandt et reprise par les Romantiques du XIXe siècle passe à la trappe les nombreux mécènes, les aides familiales ou institutionnelles dont bénéficiaient les artistes….sans compter la réalité d’un atelier d’artiste : plusieurs personnes s’activent auprès du maître qui tout à la fois enseigne à ses apprentis et exécute des commandes pour ses clients, galeristes ou mécènes. L’atelier d’artiste est dans la majeure partie des cas, une entreprise et ce depuis la Renaissance. 
Loin de « polluer » la culture ou l’art contemporain, l’argent est jusqu’à meilleure alternative, le principal moyen pour les artistes de continuer à créer. Est-ce un bien ou un mal ? Finalement là n’est pas la question. C’est une réalité, et voir l’art comme une chose qui ne se vend pas relève d’une vision idéaliste et faussée de l’art et des artistes.

Rembrands - l'Artiste dans son atelier, 1628
Jan van der Straet - Color Olivi, ca 1591. Atelier du peintre Van Eyck

L'art contemporain, un jeu de spéculation ?

A nuancer.
Bien que le travail de certains artistes en vogue ou très réputés ait tendance à prendre davantage de valeur et ainsi à susciter l’intérêt des collectionneurs qui réalisent des placements purement financiers, cela ne fonctionne pas toujours. La cote d’un artiste peut toujours chuter ! Par exemple, dans les années 1990, un groupe d’artistes du mouvement YBA (Young British Artist) a enflammé le marché de l’art (Richard Patterson et Damien Hirst notamment), affichant des prix plus élevés encore qu’Andy Warhol. Aujourd’hui, ces mêmes artistes représentent 1/20e de la valeur d’Andy Warhol.
On ne va cependant pas nier que l’art contemporain ou moderne constitue un des placements les plus prisés. Cependant, le marché de l’art n’est pas à l’abris de remous et surprises. Si le marché de l’art contemporain était aussi stable, on pourrait prédire d’avance le résultats de ses placements…et pour l’instant ce n’est heureusement pas le cas !
Il y a toujours, dans l’acquisition d’une oeuvre, une part d’appréciation sincère pour le travail de l’artiste, une sensibilité qui justifie l’achat et le « pari » de la renommée de l’artiste. 
Pour plus d’informations sur la cote des artistes, voir notre article : 
Qu’est-ce que la cote d’un artiste ?

L'art contemporain est inaccessible au plus grand nombre

Si l’on parle d’acquérir un Jeff Koons ou un Warhol dont les prix se chiffrent en dizaines de millions, en effet il est raisonnable de dire que ce n’est pas à la portée de toutes les bourses. Cependant de telles sommes ne représentent en réalité qu’1% des ventes d’art. C’est justement parce qu’elles sont si rares qu’elles font les gros titres. L’immense majorité des œuvres se vend à moins de 3000 €, et les galeries sont généralement très accommodantes quant aux modalités de paiement. Certes pas à la portée d’un budget étudiant, mais nettement plus abordables tout de même.

L’argent dirige une grande partie de notre monde, c’est un fait. Il est clair que le prix d’une œuvre est déterminé par des facteurs qui peuvent sembler superficiels (entregent et influence de l’artiste et de son galeriste…) et qu’il ne reflète pas nécessairement la qualité intrinsèque de l’œuvre. Mais il ne faut pas s’arrêter aux quelques centaines d’artistes qui déchaînent la chronique et sont visibles dans les grandes foires internationales. Gardons à l’esprit que l’immense majorité des artistes ne parvient pas à vivre de leur art, et que beaucoup de galeristes ont aussi du mal à joindre les deux bouts. 

Preuve que c’est d’abord l’amour pour l’art qui les meut.

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