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Qu’est-ce que la cote d’un artiste ?

Comment estimez-vous les prix des œuvres ? Pourquoi ce petit dessin est-il plus cher que cette grande toile ? Par quel processus une toile de Manet vendue 50 francs en 1880 peut-elle valoir aujourd’hui plusieurs millions ? 

Pour ce premier article nous nous intéresserons à la question aussi triviale qu’épineuse de la cote des artistes. Car si la notion est banale pour les professionnels et les collectionneurs aguerris, le profane peut vite se sentir perdu face à des chiffres et sommes dont l’établissement semble relever de l’hermétisme.

Que désigne la cote d'un artiste ?

Commençons par le commencement. Qu’est-ce qui se cache derrière cette notion de « cote » ? 

L’expression d’origine latine « quota » signifie mesure. On la retrouve dans son sens originel dans les métiers du bâtiment et l’artisanat pour établir les dimensions (les cotes !) des pièces ou des assemblages. Coter quelque chose, c’est donc le mesurer. 
Cependant ce n’est qu’à l’ère médiévale que le mot prend le sens qui nous intéresse : « quota » est alors utilisé également pour évaluer la valeur des œuvres d’artisanat, avec déjà les bases de ce qui fait le marché de l’art aujourd’hui : la réputation de l’artisan ou de l’atelier. 

La cote est donc un indice de réputation et de stabilité d’un artiste. Plus ses œuvres sont demandées et appréciées, plus cette cote monte. Dans un monde marchand, obéissant aux lois de l’offre et de la demande, cela se traduit par une augmentation des prix. Néanmoins, comme nous le verrons plus bas, la popularité n’est pas le seul critère.

Les belles fleurs bleues Combas
Robert Combas, artiste français vivant le plus coté, dont les ventes sont stables
Study for Bedroom Tom Wesselmann
Tom Wesselmann, dont la cote ne cesse de grimper après son décès

Comment s'établit une cote ? Quels en sont les critères ?

On l’a vu, le critère majeur d’une cote est la popularité, donc la demande. Cependant d’autres critères plus subtils entrent en jeu.

La stabilité de l’artiste et la consistance de sa production. 
S’il produit beaucoup ou peu, ses œuvres sont-elles toutes de qualité égale ? Renouvelle-t-il sa technique ou s’enferme-t-il dans une esthétique précise ? Ces facteurs vont influencer la cote sur le long terme : la demande pour les œuvres d’un artiste qui se renouvelle peu et produit de façon trop irrégulière ou au contraire inonde le marché; aura du mal à construire une cote durable car il sera considéré comme un investissement peu fiable. Gardons à l’esprit que la cote estime une valeur marchande, la finalité est économique et potentiellement spéculative. C’est une question de confiance en la stabilité ou l’augmentation de la valeur du travail de l’artiste.

La reconnaissance institutionnelle et par les pairs.
L’entrée en musée est la consécration d’un parcours artistique. Un artiste repéré par un ou plusieurs musées d’envergure nationale ou internationale est sûr de voir son travail inscrit dans l’Histoire de l’Art et devenir un point de référence. Cette exposition entraîne de fait un regain d’intérêt pour son travail, participant à sa cote.  

Collaborer avec d’autres artistes établis, ou évoluer dans les mêmes cercles est également un facteur clé : cela montre que le milieu artistique prend au sérieux la valeur des œuvres et la démarche de l’artiste.

Enfin, une institution à laquelle on pense peu est celle du marché de l’art ! Un artiste vendu en galerie est un artiste crédible, en qui un galeriste a placé sa confiance et reconnu un intérêt suffisant pour être présenté à des collectionneurs dans ses expositions ou des salons d’art contemporain.

Les collectionneurs, les galeristes et les maisons de vente.

Il s’agit sans conteste du facteur le plus délicat à intégrer tant il est subjectif. Car il n’est plus question ici de combien de personnes achètent une œuvre ni à quel prix, mais de qui achète ou expose. Certaines galeries et collectionneurs sont connus pour influencer considérablement les cotes du marché de l’art. Ces « tastemakers » concentrent la plus grande influence sur les prix et le marché de l’art.

question

Questions fréquentes concernant la cote des artistes.

A quoi sert une cote ? 

Pour l’artiste, à pérenniser sa carrière et la suivre.
Pour les galeriste et marchands, à fixer un prix et conseiller les collectionneurs.
Pour les collectionneurs, à mieux acheter ou vendre et identifier les valeurs montantes du marché de l’art.

La cote est-elle la même partout ?

Eh bien non ! C’est contre intuitif, mais un même artiste peut avoir une cote différente d’un pays ou d’une région à l’autre.
Ainsi, Raymond Waydelich, artiste alsacien exposé dans plusieurs musées régionaux a une forte cote en Alsace et les Vosges, mais est peu connu en dehors. Yayoi Kusama, artiste japonaise, à l’inverse a dû attendre une reconnaissance internationale avant d’être cotée dans son pays en 1973.

Où trouver la cote des artistes ?

Plusieurs sources sont disponibles. Sur internet, le site mr-expert.com donne quelques estimations par artiste.
Plus précis, l’ouvrage de Jacques Armand Akoun « La Cote des peintres« , mis à jour chaque année est un excellent outil.
Enfin, le Dictionnaire des artistes cotés, par Guid’Arts est un incontournable, bien que de présentation austère.

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